Projet solo de Jonathan Robert, du groupe québécois Corridor, Jonathan Personne sort avec ce Histoire naturelle un opus qui pourrait bien lui permettre, compte tenu de sa valeur, de devenir…quelqu’un.
Sur un ton tristounet mais acidulé, doté de bons coups de griffe guitaristiques et teinté de mélancolie, l’album réjouit en effet sans plus attendre. Comme personne, bourru et incandescent, chanté en Français avec un timbre attachant, est déjà « trop bon ». La mélodie, si belle soit-elle, s’accompagne d’élans vivifiants. On est dans le psyché, dans le « dreamy » aussi, mais de manière griffue, racée. Sans nom se fera un nom, aussi beau qu’impulsif. Premiers corps, plus céleste et aussi crédible, venant parfaire un entrée en matière qui jamais ne prend l’eau. Et prend même encore plus de corps, ensuite, par le truchement de ce Clovas à la brume shoegaze qui laisse place, passé sa courte durée, à un Amour et amitié de choix. Un essai lent et psyché, à la montée imparable qui prend fin dans le bruitisme magique.
C’est du canadien et ça nous va bien, ça continue à séduire quand se présente Dernier voyage. Un Voyage, justement, psych-pop du plus bel effet. Beau dans ses sons, aérien, merveilleux. Jonathan Personne n’omet jamais l’énergie, adroitement conjuguée à ses airs contagieux. Comme l’est Le pire, éloquent jusque dans ses silences. Et qui, lui aussi, se déploie lentement avant de nous toucher durablement.
La messe semble dite, elle convertira bon nombre d’entre nous et l’éponyme Histoire naturelle l’y aidera, fort de son psychédélisme enveloppant. L’allégorie qui ressort du disque contribue également à l’accroche du bonhomme, ici savamment épaulé par des membres de diverses formations dont Victime, Ponctuation et bien sûr Corridor. L’affaire se finira sur Parmi les vers, un tantinet folk et bluesy, sincère comme le reste, trop bref mais venant en conclusion d’un ouvrage qui raflera les suffrages.