Uniques, singuliers, The Young Gods font leur retour après un remaniement passant entre autres par le come-back de Cesare Pizzi aux claviers, qui compense le départ de deux autres membres dont le reconnu Al Comet. Depuis Everybody knows, en 2010, on attendait donc d’entendre, à nouveau et avec jubilation, le son de Franz Treichler et consorts, sa prose expressive et elle aussi sans égal.
C’est chose faite avec ce somptueux Data mirage tangram et si celui-ci n’inclut « que » sept titres, on plie vite devant l’impact, souvent insidieux, de ces derniers. D’emblée, on est emmené dans une embardée cosmique trouée par les fulgurances sonores (Entre en matière, qui chemine entre les nuages et livre des sonorités jamais entendues -c’est une constante chez les « Gods- avant de s’enhardir tout en conservant ses penchants célestes). Le trip a commencé, la voix de Franz en amplifie la portée, susurrée. Si le rendu est pour l’heure retenue, cette dernière imprègne l’auditeur sans coup férir. Et Tear up the red sky, fort d’une beauté similaire, se fait lui plus direct, plus griffu dans ses assauts guitaristiques, jouissifs. Entre détours dans les cieux et offensives soniques, The Young Gods retrouvent tout leur lustre, leur cachet reconnaissable et en l’occurrence porteur à souhait. Figure sans nom, qui suit, scintillant de cette splendeur lettrée et musicale à l’apparence sereine. Qui, passé ses premiers instants, sort les griffes sans y perdre de sa magnificence.
Data mirage tangram est une expérience, largement à la hauteur de la discographie élevée des helvètes. Moon above avance au ralenti, sûr de sa force, traversé par des effluves psychédéliques. Il dépayse mais dans le même temps, nous maintient en terres Young Gods. All my skin standing, qui dépasse les dix minutes, dégage des airs tribaux. Il étend donc le côté « voyageur » de l’album, se déploie tranquillement avant l’attaque des six-cordes, rageuses. Jouées de façon réelle, celles-ci sont en phase parfaite avec un décor à la fois beau et perturbé, menaçant.
Les Young Gods sont allés chercher, au bout d’eux-mêmes, de nouvelles méthodes. Ceci sans se dénaturer et pour un résultat merveilleux. Electro tout en finesse obscurcie, comme sur You gave me a name et ses sonorités réitérées entièrement addictives. Ses guitares une fois de plus démentielles, aussi, entre autres ingrédients fatals. Pour terminer, avec Everythem, sur un effort ambient murmuré, qui contraste avec le reste tout en imposant sa subtilité, ses doux excès magistralement pensés. Excellentissime.