Usé? Il est amienois, a intégré depuis ses débuts 15000 projets et constitue pour moi l’étalon, ou l’un de ceux-ci, de la décadence sonore jouissive. Signé chez Born Bad (qui l’eut cru?), il a avant ce Selflic sorti un premier disque (Chien d’la casse, 2016) qui, déjà, tentait de retranscrire l’intensité de ses prestations live, où comme le disent certains commentateurs sportifs « il donne tout ce qu’il a ».
Eh bien discographiquement, on n’en est pas loin! Il donne et on reçoit avec joie. De la dérision, de l’humour, de l’inventivité tarée et géniale (les deux vont souvent de pair), et ça fait du bien. Dans sa corde, déjà cynique, le met à l’écart. A l’écart de quoi? Du manque de singularité, du mainstream pourri, de la politesse sonore ennuyeuse et irritante. En somme, Usé est salvateur. Son verbe est fou, ce premier titre indéfinissable et…tant mieux, on se moque bien de le catégoriser, il excelle. Bon OK, il y de l’indus, des relents de cold-wave, du bruitisme, des synthés datés mais complètement bandants. Mais c’est Usé. Pareil à aucun autre. Fracas sonore. Brutalité, satire sociale. Fausse désinvolture, vraie désinvolture aussi, Usé n’est pas prêt de s’user. C’est nous qu’il éprouve, mais à vrai dire, on n’attend que ça. Cardiaque cogne, la folie réfléchie d’Usé lui assure le meilleur.
Danser un slow avec un flic? Pas de souci. Satire et douceur narquoise. Sons vrillés, slow taré. On prend. Elle seule? Claviers aux motifs à la simplicité désarmante, trame indus assénée. Dans un coin, à la poésie underground tout aussi insoumise, obsède de par ses sons répétés, par son rythme appuyé aussi, qui sent l’urgence. En 3 secondes? Pas mieux, donc excellent. Indus hypnotique, sans soumission. Ce Selflic ne se chronique pas, il est pourtant assez probant pour m’en avoir donné l’envie. Il se vit, il s’écoute à bloc. Il recourt, tiens donc, son côté punk le proscrirait presque, à une instrumentation large. Mais minimale, et ici froidement porteuse. En trouvant de plus, sur les planches, une traduction brute et percutante, qui elle aussi vaut largement la peine qu’on y prête attention.