Finistérien « d’adoption », Anglais devenu Breton prolifique et ouvert à divers thèmes musicaux, Robin Foster s’essaye, après son Peninsular qui le voyait quitter sa zone de confort pour s’essayer à des plages plus climatiques, puis un détour par le nerf rock avec Empyrean, à prolonger le premier des deux travaux nommés. Ceci suite à une commande de la Communauté de communes « Presqu’Ile de Crozon Aulne Maritime » lui demandant d’illustrer soniquement ladite péninsule.
Le résultat, ce Pen insular II (The bridge), est comme attendu brillant. Aux confins du fougueux et du contemplatif, doté de secousses estimables (La forêt), il privilégie une approche soyeuse en son début, avec le post-rock d’une intro nommée…Intro (Where we went from there) . On est cependant dans une beauté brumeuse, un peu à la Sigur Ros, qui lentement se déploie. Terenez (Argol) étendant ensuite le panorama sonore, toujours « post » mais animé, entre légèreté et envolées bridées. Avant que Le passage (Rosloc’hen) instaure, lui, une touche plus rock, plus alerte, dans l’élan de plans qui déjà ouvraient une brèche. On y oscille entre rythme soutenu et breaks célestes de belle manière et après cela, Ma unan (Ar faou) bénéficie de l’intervention d’une superbe voix féminine, celle de Madelyn Ann. Tout en griffu velouté, ce morceau est lui aussi des plus abouti.
Quelques encablures plus loin, Trez bihan (Terrug) expose l’adresse de Foster dans la juxtaposition entre splendeur posée et encarts plus escarpés. Ce que fait également Kraozon, bourru mais modéré par des sons plus fin en arrière-plan. L’œuvre est musicale à souhait, travaillée, adaptée à des endroits qu’on pourrait presque, à l’écoute, voir surgir devant nous. L’album, à vrai dire, est un voyage. Un trip immersif à la sérénité rocailleuse, surligné par une voix elle-aussi pleine de ressenti (The island (Roskanvel) ) que percute une instrumentation aux brusques excès. Ces derniers étant matérialisés, ensuite, par les riffs crus de La forêt (Landevenneg) , essai rock leste et insistant bien qu’assez bref.
Lanvéoc, qui amorce une fin sans temps morts, s’appuie sur des sons chatoyants, obscurs aussi, et un groove indéniable. A nouveau entre retenue et intensité, mesurée pour le coup, on s’élève dans les sensations. La pointe (Kameled) finissant sur une note à la peau douce, puis plus rêche, aux pouls électro. Après une belle série de plages élégantes autant que tourmentées, qui couronnent l’ouvrage d’un artiste au talent nourri par la passion.
Oh, surprise! Un « bonus track » d’obédience « post-cold » s’offre à l’auditeur en toute fin de parcours, en ultime plaisir sonore peaufiné au bordurage sombre. Superbe album.