Prenez un label lyonnais qui refuse la facilité (Dur et Doux), des lyonnais dingos et géniaux (PoiL), des Colombiens pas moins perchés (Mula). Faites-les se rencontrer par le biais du Périscope (scène de musique innovante basée à Lyon), dans le cadre d’un projet de musiques hybrides. Vous obtenez, petit objet fou et indiscipliné, ce Split EP où les Rhodaniens ouvrent le bal avec leur Gagaku indomptable, quelque part entre noise, math-rock et, surtout, créativité surprenante. Ce premier titre porte l’assaut, apaise ensuite celui-ci grâce à des sons bien imaginés avant de laisser la voix ramener de la folie dans l’ensemble, expérimental et loin d’être banal. Le tout sur près de 14 minutes oscillant entre finesse perverse et pure folie sonique.
C’est déjà une première secousse sonore, ce n’est cependant pas terminé puis que Mula, sur la deuxième réalisation de l’EP, signe un El rey plus direct, cuivré, braillé et saccadé, chanté qui plus est dans la langue « de là-bas ». Le chant est colérique, les chœurs sauvages à l’instar du morceau conçu.
Si on reste là dans un format plutôt court, le second morceau des gars de Bogota, Disculpe ud señora, développe lui une trame de plus de 10 minutes, répétée à l’envi, bruitiste, très free. Qui, sur ses 2 dernières minutes, s’apaise tout en restant menaçante. Une conclusion peut-être légèrement moins marquante de par son côté répété, mais, en revanche, accrocheuse par la singularité de son approche. L’EP qui en résulte s’avérant quoiqu’il en soit unique et digne d’être vécu/écouté, tout comme la très majeure partie des productions de la structure initiatrice .