Suisse, Emilie Zoé n’en est plus à ses balbutiements et nous offre avec The very start un album à caractère plutôt intimiste, taillé dans un indé passionné et travaillé, ici souvent dénudé, réduit à sa plus simple expression ou presque (Loner, voix-piano et émotion; le tour est joué!). Authentique, elle joue aussi un rock plus nerveux, sous-tendu (Nothing stands), dans une veine constamment minimale mais intense de par ce qu’elle renvoie. Elle recourt au lo-fi, c’est perceptible jusque sur la jolie pochette de l’opus, et se montre vraie dans son chant comme dans ses notes.
D’une beauté indé qui rappelle les grands noms du « circuit » (Shannon Wright, par exemple), sa musique charme et attire dès le début de 6 o’clock, le morceau inaugural. On le croirait joué en face de nous et la retenue, la voix sensible de l’Helvète produit un bel effet. C’est en duo, avec Nicolas Pittet à la batterie, qu’elle parvient à de telles vignettes sonores. Aucune surcharge, donc, mais de la vérité, du ressenti, dans un disque admirable. Un jeu fin, gentiment « grisé » (A fish in a net) suffit à séduire. Le rythme asséné de Tiger song, excellente « rock song » à la fois légère et bourrue, confirmera les sensations provoquées par l’ouvrage de la paire issue de Neuchâtel.
Bien loin des surproductions irritantes, dont elle constitue le plus que crédible contraire, Emilie Zoé projette son ombrage rock avec Blackberries. Plus folk/lo-fi, mais à nouveau dans un décor obscur, sur Dead birds fly, elle signe là un disque majeur. The barren land est d’abord cosmique, puis s’anime sous les soubresauts de la batterie. C’est du cousu main que conçoit Emilie Zoé.
En fin d’album, c’est d’abord Would you still be here qui nous prend dans sa nasse, dans son climat singulier, troublé. Puis Sailor et sa superbe folk animée, soulignée par le chant ou plutôt les chants qui ici se complètent, met le dernier coup de pinceau, avec ses déchirures lo-fi délectables, à un The very start complètement envoûtant.