C’est tellement jouissif, ce shoegaze digne des plus grands, ces « Ouh-ouuuhh » qui te font chantonner les yeux fermés, cette voix de Laurianne, autrefois connue et rencontrée sous l’étendard Cristal Place (CEO), cette espèce de « supergroupe souterrain ». Chez Bryan’s Magic Tears, on vient de chez Marietta, de La Secte du Futur (entre autres), on se rassemble et on s’assemble, on crée des titres et un opus, ce 4 AM, dont je suis pour ma part déjà dépendant. On se fait signer chez Born Bad parce que justement on est quelque part un peu « Born Bad » et différent.
On débute avec un Ghetto blaster dont les chœurs, sans attendre, font chavirer. C’est à la fois sonique et éthéré, on se montrera plus loin tout aussi bon sur un tempo flemmard (Marry me). Puis Lilac tree, paisible dans son amorce puis bien plus turbulent, pervertira à son tour les mélodies merveilleuses des nouveaux protégés de JB Guillot.
Avec Change, le format s’étend mais demeure appuyé, dans un cheminement shoegaze magistral, un tantinet dreamy. Confondant de maîtrise, le groupe signe après ceci un 4 AM éponyme rêveur et saccadé. On pensera, assez régulièrement, aux Smashing Pumpkins dans leur version « songeuse » non dénuées d’excès. Sweet Jesus suit en se faisant plus répétitif, lo-fi, toujours dans cette voie insoumise. Bryan’s Magic Tears nous fera verser des Larmes Magiques, celles de la félicité musicale. Avec Slamino days, la cadence est plus marquée, les sons plus fougueux encore. On accueille tout ça avec délectation, Oscillo trail assurant une fin au mid-tempo qui achèvera les plus récalcitrants à un genre, le shoegaze, qui avec un tel album trouve une superbe traduction qu’on auditionnera en « regardant ses pompes » avec obstination.