Duo parisien né d’une rencontre en studio, No Money Kids fait dans l’indé qui a des idées. Ce Trouble est son troisième essai en quatre ans et les deux acolytes, libres, y naviguent entre blues, électro et rock aux crocs acérés. Leur Hear the silence avait en son temps créé la surprise, l’album décrit ici par mes soins vient donc confirmer les qualités des franciliens.
Avec Chains, où intervient un certain Charles X, le blues subtil fait penser à Heymoonshaker. La référence est à porter au crédit, bien évidement, de No Money Kids. Phrasé à la bordure du hip-hop, motifs bluesy et riffs de caractère s’acoquinent. Hush hush est égal en valeur et fait, c’est bon signe, dodeliner de la caboche. Blues rugueux, rock mordant ou l’inverse, on s’y perd un peu mais on y reste bien ancré. A l’écoute, poussée, on se rend compte que tout est bon. On pourrait se dispenser de la reprise du Crazy de Gnarls & Barley, car de toute évidence nos bonshommes savent écrire ET composer. The street les voit se faire plus cools, tout en groovant. Wake me up glaviote un blues-rock classieux et bien troussé.
Family blood, plus loin, est lui aussi porteur qu’un Black Keys. Comme déjà dit dans ce « zine », nul besoin d’aller dénicher la qualité hors-frontières, nous l’avons ici. Lost generation (on s’y rend compte, aussi, de l’intérêt du verbe) en apporte la preuve avec l’appui de The Toxic Avenger, niché entre pop et électro. Trouble est un disque dont on ne décroche pas. Blue shadow le fait à nouveau rugir, suivant un groove maléfique. Nowhere land affine le propos, plus intimiste, finaud.
On opine du chef sur chacun des morceaux; My loneliness et son déploiement poppy, Radio song et son allant pop irrésistible, gentiment griffu. No Money Kids fait tout bien et avec eux, on se sent bien. La rondelle ne tourne pas pour rien, elle se montre de plus généreuse (treize morceaux répertoriés) et le dernier d’entre eux, Better, vient nous mordre les fesses avec son rock pénétrant. Belle confirmation!