Bruxellois, Phoenician Drive s’évertue à façonner une musique « mondiale », aux traits rock et kraut dotés de scories psyché. L’initiative est louable mais risquée, elle se fait pourtant avec brio et l’album éponyme ici décrit constitue au bout des écoutes une jolie trouvaille.
Chez ces Belges, en effet, les limites stylistiques sont repoussés, les barrières ouvertes et on se fixe peu de…barrières. La liberté du groupe l’emmène dans des sphères inédites et d’emblée, Almadraba mêle rock bourru et traits orientalisants. On chemine dans le monde, dans les sons aussi, une voix assez « batailleuse » venant pimenter un essai déjà accompli. Avec Paradise in my veins, on aborde des atours plus directement « folkloriques » et le rendu n’en souffre pas. Au contraire, il permet à Phoenician Drive d’imposer sa patte, sa prestance instrumentale et sa capacité à « bifurquer » allègrement. Kraken doesn’t crack a crocodile le prouve ensuite; voix d’obédience psyché et ornement chatoyant, à la rude finesse, tissée dans des sons hors-normes, enfantent de bien belles choses. Les cadences varient, s’emballent soudainement se font tribales (Musselove).
On n’est donc pas dans du figé, loin s’en faut. Aguas del olvido accentue cette impression de déracinement, dansant et entraînant. Que le format soit instrumental ou animé par du chant, il forcera l’attention. Onouba twist…twiste, plante un groove d’on ne sait où, vivace et acidulé. Si Phoenician drive est basé à Bruxelles, son propos dépasse largement le paysage du Plat Pays. Il est rare d’entendre cela, le résultat n’en étant que plus précieux encore. Bicky beach se fait offensif, son world est rock et son rock est world. On s’emporte, on tempère…temporairement.
Enfin, Slowfish débute dans le céleste ombrageux pour ensuite servir une trame massivement psychédélique, sombre, zébrée de notes subtiles, qui prend fin de manière trépidante. Unique et de haute volée!