The Jones, c’est une belle ribambelle de « grognards » du rock qui, avant de pondre cet excellent Silver faces, ont riffé, tapé et pulsé avec Tav Falco, Kim Fowley, Flamin’ Groovies et j’en passe, se construisant donc un solide vécu.
A l’écoute de l’album, taillé dans un rock’n’roll autant élégant que percutant, aux sources blues évidemment porteuses, on se laisse « malmener » sans difficultés. L’allant et la sève rock de True love forcent d’emblée l’attention, Sid Vicious lui emboite le pas avec autant de prestance, bluesy et vicelard, en phase avec son intitulé. C’est déjà du pur jus qu’on entend là, Shake et sa cadence marquée, sa basse reptilienne, venant parachever un début assez bluffant de maîtrise. No one to blame ne desserre pas l’étreinte, on ne l’en blâmera pas et The Jones a de plus le mérite de ne pas négliger l’aspect mélodique de son créneau. Come back to me baby ne s’adresse pas aux bébés, son ton rêche et racé est enthousiasmant. Can’t afford to waste my life ne nous fait pas gaspiller notre temps, en essai bluesy nerveux. C’est à vrai dire une sacrée enfilade de perles que le quintette parisien livre ici.
Tout incite donc à rester aux côtés de ces vétérans performants. On pose (un peu) le jeu sur Bosque redondo, Morning ghost insuffle même un feeling pop, teinté de rock bien entendu, à l’ensemble. On ne trouvera rien à jeter, des effluves funky émanent même de Looking for a fox. Look the part impose son urgence, le blues a la part belle sur l’éponyme Silver Faces.
Enfin, Betty Jean use de chœurs qui enivrent; rock est la direction empruntée, blues est le décor et Twenty seven vient, après tout cela, conclure mélodieusement un ensemble fringuant et bien fringué, brut et stylé, à écouter à volume élevé.