Soirée décalée, pas la première et certainement pas la dernière à la Lune des Pirates d’Amiens, avec les loufoques et excellents The Garden, précédés par le trio instrumental Pratos, venu de Lyon. Lesquels allaient signer une ouverture à retenir, peut-être un peu lassante de par son « tout instru » mais, en tous les cas, marquante par ses sons et sa formule tantôt enlevée, tantôt plus planante avec, quoiqu’il en soit, une touche personnelle délibérée. Kraut, psyché, encarts électro et sens de la mesure, Pratos démontre à pour le coup d’évidentes possibilités.
Mais comment rester insensible, passé ce bon moment, à la folie The Garden impulsée par les jumeaux « jeunots » Shears, qui débutent en mode hip-hop pour ensuite alterner entre cette même tendance, punk à l’ancienne et ornements électro, le tout de façon tarée et trépidante? C’est fou, c’est aussi, à l’occasion, mélodique et surtout, ça ne ressemble à rien d’autre. Punks autant dans le son que dans l’attitude, Fletcher et Wyatt, selon une formule basse-batterie aussi minimale que percutante, retournent la Lune et imposent une mixture à peine bridée, dans le mépris total des conventions et des sentiers tout tracés. Il n’empêche, ça passe aussi aisément que la polissonnerie à la Beastie Boys et à l’issue, on aura vécu l’un des lives les plus déjantés de ces derniers temps, dans une « Lune » qui en a pourtant vu bien d’autres.
On quitte ainsi la salle de Saint Leu ébouriffé, secoué par l’énergie des frangins d’Orange County et leurs salves punk expérimental, qui groovent autant qu’elles se font frontales et auront de façon certaine semé un joli bazar dans la place surchauffée de la Lune des Pirates.