Présent et influent au sein de la scène française depuis près de 30 ans, Lofofora pourrait à juste titre considérer ne plus rien avoir à dire ni à prouver.
C’est sans compter sur l’insoumission du groupe de Reuno, qui en plus d’en avoir encore sous le coude niveau dénonciation pensée a décidé, pour ce bien nommé Simple appareil, de se dénuder. C’est donc l’acoustique qui ici préside et surprise, elle donne une coloration nouvelle, percutante, au verbe du leader ainsi qu’à la colère sociétale qui émane de « Lofo ». Déjà probant sur scène où il prend toute son ampleur (superbe live fin septembre à la Manufacture de Saint Quentin (02)), le registre est éclatant.
Les boites, à l’acoustique ombrageuse, mélodieux mais d’un bel impact, le démontre déjà: le groupe s’appuie sur une sobriété bienvenue pour souligner son jeu et son discours. L’appétit donne faim, la faim de découvrir le reste, suivant une instrumentation sans rajouts, remontée, qui donne un nouvel élan au groupe. La splendeur, splendide, excellent, rythmé, venant confirmer les aptitudes de Lofofora à bifurquer, à changer de voie sans y perdre en qualité, loin de là. Théorème et Troubadour, tour à tour, font scintiller un « acoustisme » belliqueux, dont la pureté crée un joli contrepoint avec les cotés colériques.
Accents bluesy sur Les anges, attaque plus rude sur La dose, textes à la portée…porteuse; l’album est une réussite. L’allant, le groove de Sven, bel hommage à l’ex-Parabellum, font à leur tour la différence. Et la fin de l’opus, avec trois titres de même teneur et de même qualité, dont Le martyr qui met fin aux réjouissances de manière chatoyante et réjouissante, le prouvera sans ambages: Lofofora a réussi sa « mue ». Tant et si bien que pour le prochain exercice, et quand bien même on ne sait pas de quoi il sera fait, on pressent d’ores et déjà un rendu accompli.