Déjà impressionnant en version électrique (live de feu au Winter Groove abbevillois, en 2012), le « Lofo » de Reuno Wangermez posait cette fois ses valises à Saint Quentin (02), dans cette jolie Manufacture nichée à la périphérie de la cité axonaise. Avec dans ses bagages un album acoustique osé et orageux, sobrement et justement intitulé « Simple appareil« , la clique à la vision sociétale aiguë, seule à l’affiche, s’est une fois de plus imposée, en plus d’en imposer.
Entre le charisme de Reuno, sa verve et son humour corrosif doublée d’une belle lucidité, le quatuor a fait valoir, face à un public assez fourni au sein duquel trônaient de glorieux « anciens » accompagnés de jeunots conquis par le groupe, un répertoire qui, avec les années, n’a rien perdu de son impact. Au contraire! Ses versions acoustiques, entre subtilité qui met en exergue le discours d’un Reuno plus en vue que jamais, et plages directes, remontées, tempétueuses, qui laissent libre cours à la puissance de feu des musiciens, égalent les essais électrisants qui, jusqu’alors, ont fait la réputation de « Lofo ». Le live est authentique, bouillonnant, l’unité de ces quatre « vétérans » incontestable.
C’est presque, même, un nouveau départ, inédit et maîtrisé, tant musicalement que dans le mot, pour Lofofora. Plus jeune et juste que jamais, le combo se renouvelle et ceci sans se dénaturer, loin s’en faut. Le public ne s’y trompe pas, il n’en perd pas une miette et après avoir trinqué en prélude au concert, il continue à s’envoyer des rasades, délectables, de colère acoustique plus que marquante. Le tout dans une vérité, sonore autant que dans l’attitude, qui débouche sur un gig de haute volée. Lequel valide le choix de programmation de la Manufacture et donne l’envie, pressante, de réinvestir les lieux sans tarder.
Photos William Dumont, avec l’accord du label AT(h)OME