Jeune femme Inuit, Elisapie Isaac, ici Elisapie, évolue dans un créneau folk animé, que le seul terme de folk » ne suffira d’ailleurs pas à définir avec à propos. Issue de l’Arctique Canadien, elle sort avec ce Ballad of the runaway girl son troisième album, le premier à être distribué en Europe.
Varié, ayant le mérite de mettre de la vie, et de l’émotion, dans le registre d’Elisapie, l’opus démarre dans un rock à la PJ Harvey, insidieux, bourru et finaud à la fois (Arnaq). L’atmosphère est d’emblée attractive, la tension demeure sur Wolves don’t live by the rules (feat. Joe Grass), joli duo pur à l’arrière-plan souillé. Ledit morceau se pose, s’emballe, respire la vérité. Avec Rodeo (yadi yada), la voix caresse, le décor se dénude.Don’ t make me blue impose un douceur et un timbre à la Hope Sandoval, qui n’ennuie pas. L’équilibre entre embardées dépolies et instants de grâce est d’ailleurs ajusté. Avec Una, voix et sons mesurés suffisent à séduire.
On en est alors à mi-chemin du parcours, accompli. Ikajunga suit cette trame folk épurée qui jalonne, de façon fréquente, l’oeuvre d’Elisapie. Cependant, des sonorités plus troublées ornent l’ensemble, la cadence s’anime à l’occasion et porte un effort une fois de plus estimable (Call of the moose). Dense dans sa douceur, parfois même orageux (le titre précité), Ballad of the runaway girl mérite qu’on s’y attarde. Il évoque, soniquement, les racines de la Dame sur Qanniuguma (feat. Béatrice Deer), rythmé et dépaysant. Un climat bluesy-jazzy enveloppe l’aérien The ballad of the runaway girl, puis Darkness bring the light, composé avec Joseph Yarmush le guitariste de Suuns, termine en imposant une ambiance sombre, mystique, soulignée par les percussions. En final, prenant, d’un album qui l’est tout autant.