Nouvel album pour les défricheurs suisses de Puts Marie, déjà performants sur leur Masoch I-II (2015), grâce à leur mix noisy et mélodieux qui évoque parfois les Belges de Deus, entre phrasé hip-hop et incartades rock voire noise (le déjà excellent Catalan heat en ouverture).
Catching bad temper, nouvel opus à l’élégance piquante, rappelle parfois, aussi, le meilleur d’un Eels dans la recherche sonore et stylistique, dans la valeur des mélopées également. On s’y laisse donc prendre aisément, le genre refuse de se soumettre mais l’auditeur, lui, s’y pliera avec délices. Cuivres déchirés sur C’mon, liberté de ton, de son aussi, penchants aventureux bien tenus; Puts Marie brille. Giclées fuzz enivrantes (The waiter) qui précèdent un chant racé, effluves bluesy ou jazzy placées avec adresse, finasse dans le jeu alliée à une rudesse bienvenue font qu’à l’arrivée, le disque des Helvètes se consomme avec délectation sensorielle. S’il n’inclut « que » sept titres, aucun n’est moyen. Tout est bon, tout est plus que bon. Fracas sonore et groove du chant hip-hop, fond tendu (Garibaldi) s’invitent au menu, audacieux et fort en saveurs.
Le rendu, on l’aura saisi, ne flanchera pas. Love boat et son hip-hop sulfureux, classieux à souhait, puis le final Rhapsody, taillé dans ce même hip-hop hybride et sans rides, doté de sons inédits, achevant de consacrer ces Puts Marie à la démarche à part, qui en moins de dix morceaux imposent à la fois talent et expérimentation constamment concluante.