Trio de blues caribéen, initié par Pascal Danaë, Delgres métisse et allie audit blues des élans rock qu’on pourrait rapprocher, dans leur rudesse, des Black Keys.
Dès lors, pas étonnant que Mo jodi, l’album façonné par les trois hommes, dépayse (Vivre sur la route) et secoue son homme dans le même temps (l’amorce, déjà très bonne, avec Respecte nou puis l’éponyme Mo jodi). Ca pulse, la batterie est autoritaire, on joue autant funky que rock en n’omettant jamais de trimbaler le quidam entre diverses contrées. Voilà un disque qui ose le mixage et qui, de plus, bénéficie de la dextérité de ses exécutants. Danaë est en effet bien entouré, l’album en tire les bienfaits; The promise riffe dur et simple, le chant extirpe l’auditoire de son perchoir pour l’emmener là où jamais il n’est allé.
Sur le second volet, la finesse de Sere mwen pli fo, avec Skye Edwards de Morcheeba, amène un plus. On retrouve, ensuite, les zébrures rock qui valorisent elles aussi l’essai de Delgres (Can’t let you go). Ti manmzel ondule en mode funk souple, incite irrésistiblement aux trémoussements. Anko fait de même; on note, au passage, une musicalité remarquable. Des passionnés, voilà ce que sont les membres de Delgres à commencer par ce Pascal Danaë au vécu déjà énorme. On pense à Songhoy Blues pour l’audace du « collage », mais c’est Delgres qui, ici, tisse sa propre toile. Tous ses efforts valent en l’occurrence le détour, Pardone mwen y insufflant la dernière touche, subtile, pour valider l’excellence d’une alliance au delà des normes.