Troisième album du Ceramic Dog de Marc Ribot, le premier en cinq ans, avec ce YRU Still here? captivant, équilibré entre coups de sang (Personal Nancy qui ouvre la marche, saccadé et colérique) et dépaysement expérimental entre blues, funk et flou psyché (l’éponyme YRU Still here?), pour donner une vague idée du l’éventail dont dispose le trio.
En effet, Shahzad Ismaily (Chefs secrets 3, Ben Frost, Will Oldham) à la basse et Ches Smith (Chefs Secrets 3, Ziu Ziu) épaulent Ribot avec brio. Ils savent emmener l’auditeur, à l’unisson avec l’instigateur du projet (le cuivré Pennsylvania 6 6666 qui sonne comme un Bumcello « transportant » puis endiablé), jouer rude et servir un rock qui gicle (Agnes), le tout avec un groove qui rafle la mise et en plaçant des breaks justes. YRU Still here? est une sorte d’ovni musical, funky (Oral Sidney with a « U »), aux guitares qui mordent et aux chants associés presque guerriers dans leur rendu (Muslim Jewish resistance).
C’est du millésimé donc, un Shut that kid up bluesy assied l’impact de Ceramic Dog. La cohérence stylistique et instrumentale des musiciens ne souffre pas la moindre critique , elle est ici à son apogée. Fuck la migra, à la voix hip-hop sur fond de rock encore une fois bourru, protestataire, fusionne avec pertinence. Blues qui à nouveau dépayse (Orthodoxy), rock ondulant et funkysant (Freak freak freak on the peripherique), tout est ici parfaitement conçu.
On peut alors finir sur Rawhide et sa voix traficotée, sa teneur indéfinissable, quelque part entre psyché, électro et effluves blues; c’est tout bonnement un grand cru que nous sert Ceramic Dog, sans aucun creux ni temps faible, avec ce YRU Still here?.