Avec Zenzile, Angevins dub mais loin de s’y cantonner et les locaux Ravachols 2.0, dub…mais pas seulement, la Lune des Pirates avait encore, en ce jeudi, de quoi attirer les foules.
C’est donc bien garnie qu’elle voit le trio amienois Ravachols 2.0 asséner son dub qui plane autant qu’il mord, issu d’un nouvel opus fraîchement sorti. Uni, sonique autant que céleste, le combo picard se démarque, ancré dans le refus d’un format évident. Assaut des guitares, rythmes galopants ou plus hachés, machines qui trippent forment un bel unisson, nourri par les samples de voix et de nature à dynamiser le carnet de scène des trois gaillards. Dub, rock, noise, électro, Ravachols 2.0 n’en a que faire, il parvient à brasser les genres avec dextérité et à façonner son univers, ouvertement personnel.
Le chemin est donc bien dégagé pour Zenzile, qui avec sa pléthore d’albums à la base dub mais au panel plus que large dispose d’un beau rayonnage sonore. Et qui, d’élans dub perchés en reggae vaporeux, installe et impose son groove, impossible à endiguer. Ici, un saxo épice le tout, ailleurs la basse enrobe les essais des « ZNZ », ornés par des claviers qui brodent des motifs prenants. Les chants –Jamika est de la partie- colorent le dub à l’esprit ouvert de la clique, qui finira d’ailleurs sur un morceau à la tension retenue, intense, captivant. On n’en attendait pas moins, c’est l’éventail musical de Zenzile, imprenable (sa discographie, jamais restreinte, en apporte la preuve), qui fait chavirer et chalouper la Lune. Dub unlimited, ont-t-ils choisi de nommer leur dernière sortie en date; il s’agit bien de cela et Zenzile, sans failles ni réelles limites, régale ce soir son auditoire. Signant après quelques sorties « déviante » un retour à un format dub plus « strict », si l’on peut dire, qui passe l’épreuve scénique sans le moindre couac.
Photos William Dumont.