Projet solo de Sanae Yamada, claviériste et cofondatrice de Moon Duo, Vive la Void sert sans crier gare, avec ce premier album éponyme, une odyssée kraut dont on ne ressort pas, grand bien nous fasse, indemne.
Cosmique (Matter, morceau d’ouverture qui perce les nuages à grand renforts de synthés planants), susurré par la voix de la Dame (Red ridder) sur une tonalité tout aussi spatiale, plus enlevée pour le coup, l’opus crée un effet durable et ce, sans substances si ce n’est la matière musicale. On s’envole et on ne pourra plus, on ne cherchera d’ailleurs plus, à redescendre. Death money laisse les claviers, plus incontrôlables cette fois, fuser autour de l’organe vocal « dreamy » de Sanae. L’album est une réussite totale, Smoke traverse le cosmos à son tour, plus saccadé, pas moins efficient.
C’est presque une expérience qu’on vit à l’écoute, une plongée en tout cas dans l’espace comme l’est Blacktop et ses machines à la fois célestes et bruitistes. La cadence remonte avec Devil, on reste dans la tendance haut perchée mais de manière plus stridente, moins brumeuse. Pour un premier effort solo, l’échappée de Moon Duo fait mieux que de se distinguer; elle livre une oeuvre qui, par son contenu, égale en qualité son projet initial. C’est dire l’excellence du boulot, qui prend fin sur un Atlantis un peu trop répétitif, qui n’entache toutefois en aucun cas les sensations laissées par l’ensemble.