Union de membres de deux groupes, Poil et Ni, Piniol est basé à Lyon, promu par le label décalé Dur et Doux, gage de différence, et sort avec ce Bran coucou son premier album.
Constitué de morceaux souvent étendus, celui-ci est à la fois math, rock, noise, jazz fou et j’en passe. Prog aussi, dans ses structures, et surtout bien barré. C’est pour cela que, conscient d’être à l’écoute d’un projet singulier, on appréciera le rendu, bien qu’exigeant, dès l’impulsif Pilon bran coucou qui ouvre le bal avec ses quatorze minutes soniques et bardées de rythmes saccadés, de sons qui s’entrechoquent pour enfanter un délicieux chaos. Piniol pousse, avec brio, une démarche personnelle. Des vocaux eux aussi à part agrémentent ses réalisations, parfois plus « courtes » comme l’est Pogne (sept minutes, tout de même), mais sans baisse de régime. Ca pulse, ça groove aussi, Piniol refuse de se montrer « cernable ». On explore ici des terres peu connues, on s’assagit pour mieux dézinguer à nouveau ensuite et on maîtrise bien le jeu. On peut s’appuyer sur une amorce climatique (Mimolle) pour ensuite s’enhardir, resservir sans souci un second format long (Shô shin) leste mais entraînantes. L’orientation musicale peut évoquer entre autres Primus, mais Piniol laboure son propre sillon.
François 1er, ensuite, allie le jazzy nuageux et des secousses noise. Entre le racé et le nerveux, le projet tient sauvagement la route. Kerberos, aux riffs puissants, à la basse qui ondule, assure une fin d’album de la plus haute fiabilité. Avant qu’Orbite, qui dépasse les dix minutes, instaure un début posé, d’obédience plutôt psyché, qui se développe tout en finesse en se parant d’encarts plus « rugissants ». Bel effort, hors-normes et sans contraintes, de ces Rhodaniens qui excellent dans la singularité.