Pour les curieux, les « ouverts », la Lune des Pirates est un endroit incontournable. Rockeur de base, c’est dans cet esprit « large » que je me suis rendu pour la énième fois dans la salle du quai Bélu, qui accueillait pour l’occasion La Yegros, auteur d’un concert détonnant.
Avec dans un premier temps TellcO et son mix aux saveurs, déjà, relevées et dépaysantes, le ton était donné. Le combo « nu cumbia » enflammant sans plus attendre une salle pleine à craquer de gens dansants et chantants, au son incroyable et fusionnant du groupe de Buenos Aires. Accents bien entendu sud-américains, folklore « de là bas » impulsé par l’accordéon, touches électro et occasionnellement rock, la mixture survitaminée de La Yegros fait mouche et ne ressemble à aucune autre déjà entendue ici et plus loin. Une chanteuse à la présence qu’on ne peut ignorer, à la joie de jouer évidente, renforçant si besoin était la portée d’un set de nature à fédérer. « Que calor », comme le dit le guitariste de la bande; la Lune est en surchauffe et quasiment en surjauge, son cadre intime et resserré se prête parfaitement à la communion entre groupe et spectateurs, que dis-je, acteurs d’un temps mémorable. Beaucoup chantent, le ton hispanisant accentue l’effet festif et le groove de La Yegros s’avère irrésistible. Si les soirées Lunaires sont très souvent marquantes, ma mémoire d’habitué des lieux engendre un constat; cela faisait longtemps, bien longtemps, qu’une telle fournaise avait pris possession de la place amienoise. On s’en souviendra donc, et on ne saurait que trop conseiller aux timorés de rallier toute séance tenante la Lune, sous peine de se priver de lives qui squatteront ensuite les mémoires de tous.
Photos William Dumont.