Epatant il y a quelques semaines sur les planches de la Lune des Pirates d’Amiens, Evergreen (ex-We Were Evergreen) sort avec Overseas son nouvel album. Celui-ci fait suite à l’ep « Aux échos » et sert une électro-pop animée, dansante et bardée de sons bien trouvés. Le chant en Français s’y invite et le trio, basé entre France et Angleterre, narre la naïveté de la jeunesse, l’exil, la séparation, l’entre-deux généré par son appartenance aux deux cultures.
Ainsi, on débute avec la langue de Molière, sur deux réalisations déjà marquantes (Tongues et son groove « bassifié », Comme si et ses claviers froids et décisifs), pour ensuite instaurer l’Anglais (The foreigner, où les voix se complètent avec efficience, puis un Enemy plus dédié à la coolitude). Le rendu est frais, vivifiant. Plus loin, l’allant d’Aux échos, ses synthés qui virevoltent, son léger « gris », forcent le respect. Evergreen impose sa touche, met à profit sa double culture pour se mettre en évidence.Il oscille entre morceaux tranquilles (Maritime) et instants plus cadencés (Gemini), fait valoir de bonnes idées dans l’étayage de ses compositions. Assez « estival » finalement, mais doté d’un léger apport plus « sombre », Overseas s’avère recommandable.
On regrettera, cependant, que le groupe demeure prudent, évite les embardées plus débridées comme il le fait dans les conditions du live. Il expérimente adroitement (les changements de direction de Conifère), crée son territoire stylistique avec succès, mais reste à mon sens trop timoré sachant qu’il détient, de toute évidence, les aptitudes à « déraper » plus fréquemment.