C’est d’abord un lieu, la « GAM » (Grange à Musique) de Creil, singulier. Une « place to be » où je faisais, après de longs, de trop longs mois d’absence, mon retour. Un retour motivé par l’affiche du soir et la présence, entre autres et notamment, de Metro Verlaine. Mais pas que…
En effet, la première surprise de taille, devant un public trop clairsemé si l’on prend en compte la qualité du programme, nous fut administrée par June Bug. Un mélange surprenant entre folk, saturation shoegaze, harmonies sensibles et saupoudrage électro. Un recette hors-normes et, au bout du compte, un rendu prenant, joué par un trio à l’unisson. Mention bien, donc, à cette formation lilloise qu’il importera désormais de suivre, et qui ouvre la voie à nos JoyDiv’/Television nationaux, enfin…Ebroïciens surtout: Metro Verlaine.
Armé de morceaux qui laissent une empreinte, d’un album tout frais et d’une identité bien assise entre le cold et le classieux façon Tom Verlaine et consorts, Metro Verlaine associe l’underground (Metro) et le plus racé (Verlaine), bazarde un post-punk à l’élégance noire, impose un chant en Français qui dit des choses sans se la raconter…mais en racontant. Ca prend à merveille, c’est tendu et urgent, c’est aussi classe qu’un Manchester baigné par le soleil anglais. Metro Verlaine pioche chez The Cure, Television pour ces guitares autant belles qu’enflammées, Joy Division pour la noirceur, et s’appuie sur ses sources, bien digérées, pour créer une identité forte et affranchie. Un réel espoir, déjà captivant, de la scène hexagonale, qui part d’ailleurs en Angleterre pour quelques dates dont une prévue, tiens donc, à…Manchester.
Passé ce set imprenable, la tête d’affiche de l’événement, Juniore, se met à son tour en évidence avec son registre entre pop 60’s et touches surf, de manière, dans un premier temps, subtile et feutrée pour ensuite se faire plus alerte. On est, avec ce combo étonnant, dans une posture encore une fois non prévisible, à la fois touchante et stylée. Le groupe d’Anna Jean étend incontestablement la portée d’une soirée décalée, joue avec panache son Ouh là là (premier album imparable), se fait psyché, instaure un trip qu’on suivra sans s’en détourner. On ne s’étonnera guère des distinctions adressées à Juniore; elles sont, au vu de ce concert isarien, entièrement justifiées. Prestations qualitatives en diable et sans aucun défauts, en conclusion, en un lieu hautement recommandable.
Photos William Dumont.