Nouvelle galette, forcément très attendue au vu de ses dernières sorties, pour Courtney Barnett, avec ce Tell me how you really feel. Et on se « feel » bien, très bien même tant la dame, sur l’amorce de ce nouvel ouvrage, emporte son slacker-rock dans des sphères à la Pavement dans un premier temps (l’excellentissime Hopefulessness pour lancer la machine à tubes indé), faisant ensuite pétiller un rock indé enlevé (City looks pretty puis Charity, deux bombinettes de rock énervé et mélodieux, parfaits en tous points).
En trois titres, on est déjà subjugué(s), l’excellence de son essai commun avec Kurt Vile est dépassée. Courtney peut alors calmer (légèrement) le jeu, se faire plus charmeuse, on reste dans des tonalités pop exaltantes qui ne tardent pas à se faire bourrues (Need a little time). Ces reflets pop animent ensuite Nameless, faceless, qui lui aussi s’enrage après son introduction et se fait un tantinet grungy. Addictif à la première écoute, le disque va être appelé à investir les platines sans relâche. Avec I’m not your mother, I’m not your bitch, court et rentre-dedans, c’est derechef un standard rock direct qui s’offre à l’auditeur, gâté de bout en bout. A sa suite, Crippling self doubt and and a general lack of self-confidence (on peine à croire à cet intitulé), taillé dans une pop-rock burnée, renforce, si besoin était, l’impact de l’ensemble.
Celui-ci continue sur sa voie vigoureuse et victorieuse, Help your self se fait bluesy distordu, fait rugir des guitares mordantes. On a ensuite droit à de la pop scintillante (Walkin’ on eggshells), subtile et tranquille, légèrement acidulée, aux motifs charmants et au tempo tout de même, c’est fréquent ici, soutenu. L’Australienne fait merveille, signe là, à mon sens, son disque le plus accrocheur. C’est dire sa portée, tant les précédents étaient déjà bons. Il se termine d’ailleurs sur une note modérée, apaisée mais pas moins crédible, vivace malgré ses mélopées avenantes (Sunday roast). A l’issue donc d’un opus frisant et frontal, un véritable must de rock sans courbettes.