Projet à la tête duquel se trouve Matt Elliott, épaulé pour l’occasion par trois musiciens, The Third Eye Foundation propose des sorties éparses mais singulières d’un point de vue stylistique et climatique.
Avec ce Wake the dead, on est d’emblée pris dans la nasse du quatuor, qui avec une longue pièce répétitive, sombre et hypnotique (Wake the dead, justement), projette une chape ombragée qui donne, si l’on peut dire, la « couleur » de l’ensemble. Par la réitération de ses ambiances, l’album finit par captiver après avoir demandé, bien évidemment, un effort d’assimilation. Procession for Eric, qui suit ce morceau d’ouverture étendu, produisant un effet similaire dans sa capacité à troubler l’imaginaire, à générer une grisaille qui, à l’arrivée, s’avère bienfaisante. Drum and bass avant tout, mais destiné à stimuler ou engourdir les esprits, voire les deux dans le même temps, The Third Eye Foundation rejette les formats pré-découpés.
Le violoncelle de Gaspar Claus apporte une teinte discrète mais marquante, les sons spatiaux créés par le groupe embarquent et dépaysent (The blasted tower). Le contenu peut ennuyer -il n’est guère variable, quoique…-, mais détient en tous les cas un certain pouvoir d’attraction. Des instants de sérénité émanent de cet univers obscur, le tout se déploie avec lenteur, comme sûr de son emprise sur l’auditeur qui s’en imprégnera. Avec Controlled demolition, le rythme se fait plus asséné, s’emporte. Le rendu est plus leste, moins aérien, plus bruitiste aussi. Des voix semblent émerger, avec peine, de sonorités écorchées. Des voix, on en retrouve sur That’s why, morceau au format plus bref. Un essai hip-hop/drum and bass concluant, où c’est le chant, cette fois, qui génère l’obsession, relayé par des sons venus d’ailleurs.
Enfin, c’est Do the crawl qui conclut l’affaire, sur une cadence hachée et suivant une trame encore une fois céleste, dérangée dans sa beauté, au terme d’un opus sans réel égal.