Ayant déjà accueilli A Place To Bury Strangers, le trio de Brooklyn au registre noisy-shoegaze radical et expérimental, lors d’une Nuit Blanche datant de quelques années, la Lune des Pirates ouvrait à nouveau ses portes à la formation d’Oliver Ackermann, avec pour inaugurer les festivités, un étonnant, et détonnant, Buck Gooter.
Affublé d’un guitariste en côte de maille et lui-même enchaîné, le sieur Gooter, possédé, assène une série de morceaux crus, dingues, minimaux, zébrés de guitares elles aussi sans fioritures. Gestuelle hypertonique, genre décalé à la croisée de la no-wave et de scories indus, qu’on cherchera en vain à « situer », voilà pour le menu offert. Ca surprend, ça prend par le colbaque et le duo desserre très peu l’étreinte. Frontal, parfois plus « tranquille » dans sa folie (Dissolved song), atypique, Buck Gooter s’inscrit dans le ton de l’événement et marque de son « primal industrial blues » son apparition entre les murs Lunaires.
APTBS prend donc le relais, fort d’un excellent Pinned, nouvel opus récent, et flanqué d’un élément féminin, Lia Braswell, à la batterie. Lumières uniquement stroboscopiques, fumée abondante, le décor est planté et sans plus attendre, c’est une pluie noisy-shoegaze, nourrie et hautement sonique, qui s’abat sur l’assistance. APTBS n’a pas d’équivalent, son impact est fort, alimenté par des nouveaux titres impeccables. Ackermann et ses acolytes, dont le fidèle Dion Lunadon à la basse, évoquent à la fois The Jesus and Mary Chain, la cold-wave et le shoegaze, jouent en rangs serrés et imposent un registre depuis longtemps « home made ». Le volume est élevé, audible pourtant et l’expérience est singulière, jouissive pour ceux, et j’en suis, qui d’emblée ont adhéré à l’univers d’APTBS. Le groupe finira d’ailleurs au milieu de la foule, sur un essai expérimental tiré des bonus de Pinned, parfait aboutissement à un concert mémorable. Au terme duquel on quitte la Lune au son, ça ne s’invente pas, du 100% de Sonic Youth. Marquant!
Photos William Dumont.