Tiens, j’ai vu jouer Monofocus, l’ex-formation d’un des membres de ce projet étonnant, à Vaux, petit village de mon département, il y a quelques années déjà. C’était..comment dire… »autre ». Avec Des lions pour des lions, auteur de ce Derviche safari étourdissant, on est dans ses sphères, tout au moins dans l’esprit, tout aussi déroutantes…et passionnantes.
Entre l’exotisme de The Ex et la liberté de ton de L’orchestre tout puissant Marcel Duchamp, Des lions pour des lions, sans chaines, génère le trip et joue une musique indéfinissable, quelque part entre world, élans tribaux et rock cuivré aux teintes occasionnellement bluesy. Entre Anglais et Français, le chant fait son effet dès T’es où, premier morceau qui déjà incite à la danse et suinte une douce folie. In Kristinus wir glauben le confirme, on est là dans un groove fait de jazz déjanté, de rock qui quitte la route, de liberté diablement créative. Les chants se répondent, les scories blues et encarts world transportent. Le contenu est précieux car délicieux, génial car pas banal. L’excellence de l’instrumentation, où se télescopent guitares (dobro, slide), saxophone, flute, theremin et percussions, est confondante. Haut en couleurs, l’univers de groupe retient l’auditeur dans ses griffes…de Lion.
Qu’il fasse dans l’exubérance ou plante un climat plus posé (l’éponyme Derviche safari), Des lions pour des lions rugit avec à propos. Sa feutrine jazzy (March from music for the funeral of Queen Mary) vient élever, plus encore, sa portée. Soleil des lions fait dans le jazz qui dérape, effectue des loopings. Five feet se serrer les coudes allie notes bluesy africanisantes et jazz syncopé, addictivement fou. On est loin du normal et ça ne fait pas de mal, loin s’en faut. Les sons fusent (Mobil home shuffle), la différence est ici décisive. Walking in Kaibab, pas moins déviant, se chargeant de fermer la marche dans une folie vocale et sonore classieuse en diable.