Suisses, génialement foutraques et prolifiques, les Duck Duck Grey Duck réunissent pas moins de quatre EP’s sur ce Traffic Jam aux vingt-cinq titres imprenables.
En plus de se montrer généreux, ils lâchent allègrement la rampe, brouillent les pistes et font du hors-pistes. S’ils démarrent en mode psyché-funky acidulé (Bing bang), ils n’ont de cesse, par la suite, d’étendre un éventail de taille, qui leur offre la possibilité de faire un carton stylistique et musical.Ils développent un instrumental pas banal (Ultra zouk, Talking gun), font dans la fulgurance psych-pop tordue jusqu’à ce qu’on en jouisse (Clash fuzz). Blues-rock (Duck tape), psyché-blues (Meet me in the city), rock sauvage et incontrôlé (Street fighting), rien n’échappe à leur mainmise et ils s’avèrent indéfinissables. Ils le revendiquent d’ailleurs, en optant pour une liberté délibérée. On ne s’ennuie pas une seconde, on aimera autant les dérapages garage racés (Earth collusion) que l’exotisme classieux qui se dégage de certains compositions (Bounty beach).
Surf, pop, garage donc, funk, psychédélisme délirant, blues vicié,tout ça devient, passé à la moulinette Duck Duck Grey Duck, méconnaissable. Wizard suinte un surf enivrant, L’homme du casque I instaure le Français et lorgne vers la pop d’antan. Bel oiseau s’emballe avec panache, twiste fatalement. Contrevent part dans des volutes psyché, l’instrumentation, on le notera, est ingénieuse dans les moindres recoins du recueil. L’homme du casque II trace une voie pop 60’s, Black ciré laisse les percus le porter avec un esprit dépaysant, barré aussi. Il y a là du style, de la classe à tous les étages. Blues trituré (Sweet sweat), pop-rock mélodico-impétueuse (Traffic jam), les mecs de Genève dépassent l’excellence. Ils groovent grave (Face of love), finissent en bazardant une trame funky reptilienne et soutenue (Panic!), folle et imprévisible comme l’est ce Traffic jam d’une qualité plus qu’élevée.