Duo évoquant entre autres les Kills, Red Money est l’une de nos valeurs sûres. Ce Shake burn and love, la paire est allée l’enregistrer à Nashville avec Andrija Tokic (Alabama Shakes, Benjamin Booker), et y perpétue la tradition des Ty Segall, Black Keys et autres White Stripes avec pour étendard l’épopée 70’s.
Ca fonctionne à plein, les dix titres défouraillent et Laure Laferrerie (voix, guitare) donne le change avec puissance et sensualité mêlées aux déferlantes de batterie de son acolyte Arnaud Dussiau. C’est plus qu’audible sur Come back qui ouvre la marche de façon trash avant d’instaurer un break bluesy. Lies suit avec la même « ébullition », plus vicelarde cette fois. On joue direct, sauvage, et c’est bonissime. Henry teardrop pose alors le jeu, dans un blues sombre et sulfureux. Red Money sait faire, parvient à allier classe et crasse soignée avec panache. Son Sickman twistant le prouve, à l’instar d’un Over my head fin et psyché.
Red Money, s’il affiche une préférence pour le frontal, étend son répertoire. Il fait bien, Drunk love balance sa garage-pop et précède Watch out ladies, garage également avec des choeurs attrayants, un côté rétro aussi, des plus seyants. L’affaire bat son plein, Bones are shakin’ joue après ça un blues rude, pose un tempo leste. Profitez-en messieurs-dames, l’opus n’inclut « que » dix morceaux savamment troussés, qu’on rejouera évidement ensuite. Shades of sorrow, lancinant, s’incruste vicieusement dans nos écoutilles, fort de riffs vrillés et de la voix menaçante de Laure. Ces deux-là s’acoquinent pour le meilleur, ils servent en fin d’album un Shine & rise pénétrant dans sa lenteur, psych-blues millésimé, fait « maison » et achevant de faire de ce Shake burn and love une réussite intégrale.