Des vétérans aguerris entre cold-wave, rock bourru et synth-punk (Charles de Goal), un « jeune » aux essais dignes d’un « grognard », entre plans Curiens, scories shoegaze et attitude désinvolte, sonique aussi (le t-shirt APTBS de Geoffroy Laporte, leader du projet), ayant pour nom…Jessica 93, un des fleurons hexagonaux de l’insoumission sonique.
L’affiche offerte par l’Ouvre-Boite de Beauvais était une fois encore plus que tentante, indispensable même pour les inconditionnels d’un rock à l’opposé du mainstream. Charles de Goal se chargeant dans un premier temps de sonner la révolte à coups de textes colériques sur un fond musical percutant, à l’énergie punk débridée. Les gars ont l’expérience et sans taper la pause, loins s’en faut, ils arrosent sévère. Un léger ourlet synthétique borde les élans du groupe, plus que reconnu dans ce créneau au confluent de plusieurs genres, qui signe là un live dans la lignée de ce qu’on attendait de lui: sans détours, marquant, optimisé par le vécu et la maîtrise.
On n’en attendait pas moins, l’assistance était par ailleurs assez fournie et allait se plonger dans de délicieux abîmes « PornographyQUES » instigués par Jessica 93. A l’image de Charles de Goal, les mecs n’ont qu’une passion: jouer, s’investir dans une musique torturée, parfaitement représentée par le tout dernier opus en date, l’énorme Guilty species qui aura logiquement la part belle ce samedi soir. Le registre est frontal, froid et compact, on vit en l »occurrence un moment exaltant, exutoire, sans politesse, jonché de morceaux de taille. L’impact est d’autant plus grand que les titres joués, sombres et viciés, rentrent dans le lard et imposent leur délectable grisaille à l’Ouvre-Boite, parfait écrin, pour le coup et avec ses places debout, à une telle prestation.
Photos William Dumont.