Après un premier épisode « désillusioniste » sorti en 2016 et déjà concluant, Gontard récidive avec Tout naît/tout s’achève dans un disque, à l’éventail musical large, aussi doucereux voire exalté dans le désarroi (Il fiasco en ouverture, presque « valsant » dans ses atours, le poignant Parkinson) que groovy (l’excellentissime La main tiède de la violence), en ce qui concerne l’amorce de cette nouvelle oeuvre.
Plus loin, Singapour se fait, comme son titre le laisse présager, plus dépaysant, cuivré à la Calexico, se pare d’encarts bluesy rudes. Musicalement comme dans le verbe, on a à faire à un essai de tout premier choix. Gontard a des choses à dire, des choses à médire et ce, pour notre plus grand plaisir. Alerte enlèvement est aussi enlevé que subtil, brillant comme beaucoup d’autres dans son ornement. Les cuivres apportent un plus, sans tapage mais pas trop sages. On se pose le temps de Fin de concession, qui met en exergue la plume de Gontard…avant que le morceau s’embarque dans une embardée où les cuivres se délient.
On pourrait, on devrait, ici, s’arrêter à chaque titre offert. Faussement tranquilles, élégants (Notre maison), sobrement électro sur une trame bluesy-jazzy (Real doll), leur narration touchante (Arcade fire) les rend, bien vite, addictifs. Echappatoire à un désenchantement dont ils tirent leur sève, les albums de Gontard sont à part. Sur celui-ci, Lettre d’amour à ma dernière poupée se sous-tend avec les percus, fait preuve d’un certain éclat presque rétro sur le plan musical. Ostalgie est enjoué, guilleret, serti également de sonorités imaginatives. Intimidation est orné avec cette même adresse, derrière lui Vivres obsède par la répétition de ses motifs. Il en faut peu à Gontard pour bien faire, l’éponyme Tout naît/tout s’achève dans un disque finissant l’ouvrage sur une note cuivrée classieuse et tranquille, animée toutefois par une cadence insistante et un fond à la gentille tourmente.