Fruit de la rencontre entre E’ Joung-Ju, Coréenne, musicienne classique qui pratique ici le geomungo, instrument coréen millénaire, et Federico Pellegrini qui officie chez French Cowboy, Moon Gogo explore des territoires musicaux inédits.
Après un mini-album sorti fin 2015, intitulé International, et quelques scènes significatives, le duo sort ce Joy dépaysant, aux effluves psyché enivrantes, chantées avec élégance (Chulgang (Nowhere at a time)), qui sans plus attendre « emmènent ailleurs ». The start installe cette finesse et grimpe dans les cieux, fort d’un son nouveau. Le nantais et l’asiatique ne s’en tiennent cependant pas à ces élans subtils, jouant sur l’étincelant Good enough un kraut venu d’ailleurs. L’éponyme Joy suivra avec ce même pouvoir d’attraction, suivant une trame électro-world groovy et captivante. Moon Gogo a l’art de l’étayage, mesuré, aux effets certains.
Sur You say, c’est une superbe complainte, sombre et racée, d’une durée avoisinant les dix minutes, qui nous est livrée. E’Joung-Ju et Pellegrini inventent un langage novateur, valorisé par l’apport instrumental de la première et la créativité, le chant doucereux du second. L’alliage est porteur, des zébrures fuzz viennent sublimer et souiller avec brio les compositions du groupe (Sally’s gone). Les climats sont variés, le panel non-restrictif mais la cohérence totale. On ne s’égare pas, on joue, simplement, une musique qui se démarque. Le procédé est bien entendu louable. Hangukae dal (my Rihanna) poursuit l’enchantement, psyché, nébuleux, vêtu lui aussi de sonorités « autres ». Panema, huitième des neuf titres joués, vient ensuite gronder et amener une touche plus « fuzzy » qui se frotte elle aussi à la joliesse du geomungo. L’ensemble est merveilleux, enchanteur. Starr le conclura sur une touche folk épurée, dénudée, qui met fin dans la quiétude à un opus précieux, éloigné, dans l’esprit et le contenu, de la majorité des sorties actuelles.