Soucieux de marier guitares à la Strokes (audibles sur le plus que bon 12 hours), élans à la Whitest Boy Alive et pop de chez nous, Luc André est à la tête du projet Un âne gonflable qui ici ne gonflera personne, loin s’en faut. A l’aide d’une guitare, d’une clarinette déjà décisive sur l’excellent Strawberry sunday qui ouvre la marche, et de samples de batterie, André s’en tire avec les honneurs sur ce disque enregistré par ailleurs à Berlin.
On est ici dans la pop-rock tranchante et acidulée, l’artiste qui n’a pas hésité à plaquer son job pour s’adonner à la musique est sacrément talentueux. Finaud sur Stupid kids, il dépayse ça et là par le truchement de sons qui « emmènent quelque part ». Ce sont de véritables pépites qu’il conçoit sur son disque, éponyme et enthousiasmant. Mélodiquement, c’est étincelant. Dans l’énergie, ça pulse et rien ne vient entacher l’excellence des compositions (Pinepone bar et son rock bourru aux belles touches pop). On pensera à Boogers, le tourangeau, pour le génie et la simplicité dans l’exécution.
Au mitan de l’oeuvre, Miss Lulu instaure le Français dans le texte. On se rend alors compte que le gaillard à des choses à dire, le faisant avec élégance. C’est là de la pop « du pays », subtile. Langueurs du Dimanche, lui, est plutôt chanson-pop, et fait montre de cette même verve. Le panel, ouvert mais cohérent, est bouclé. Coralie envoie une pop-rock dansante, aux riffs sévères. Un âne gonflable groove, se montre imaginatif et Feeling like Hank Mooby amène une touche funky bien sentie. On n’y résistera pas, tout comme on succombera à La presqu’île, taillé dans une pop animée aux guitares rock. Un âne gonflable constitué une belle trouvaille. Il prend congé avec Tropiques, bien nommé car…tropical dans ses guitares, pop également mais avec cette « dansabilité » et cet allant qui font d’un simple bon disque un petit trésor.