Guingampais, The Craftmen Club va de l’avant, comme l’En Avant Guingamp, en sortant ce Colores qui, surprise agréable, inclut avec succès le Français dans le chant.
Sur les dix titres rutilants livrés par les Bretons, on retrouve avec grand plaisir leur rock tendu (Love), mais la langue de Molière est à l’honneur. Elle fait briller son verbe et sa tension sous-jacente, d’emblée, avec l’excellent La route. La réussite se confirme avec La jetée, mélodieux, taillé dans une pop-rock de haute qualité, bourrue. L’Anglais vient s’y mêler, apportant une coloration inédite. C’est évident, Colores sera excellent de A à Z. Expect to crash le confirme sans plus attendre, entre sensualité dans le chant et fond rock de classe. Le quatuor pose sa patte, sûr de lui et d’un parcours déjà daté.
Avec l’éponyme Colores, une retenue palpable s’installe, soulignée par les textes. La batterie et des riffs secs secouent le morceau, lui aussi accompli à souhait. Nos enfants rois prend le relais, découpé dans une pop ombrageuse. La noirceur mélodieuse des gaillards fait la différence, Last trip la voit saccader et onduler pour, une fois de plus, le plaisir de l’auditeur. On se place ici idéalement entre pêche rock et mélopées qu’on garde en tête. Plus aérien bien qu’intense, Elevator suit avec éclat.
On revient alors au Français; Le lac pose une ambiance plutôt chatoyante, dans une version toutefois gentiment griffue. On ne traverse pour le coup aucun moment faible. Le lustre peut ensuite conclure en mettant en exergue un mot encore très éloquent, de même qu’un climat à l’arrière-plan menaçant. La messe est dite avec ce Colores aux couleurs teintées de noir, doté d’une parfaite assise entre les deux penchants.