Prenez 3 jeunots autour de la vingtaine, talentueux, spontanés. Mettez-les au Black Box, à Angers, avec un certain Michel Toledo. Quand les mecs ont pour nom Lysistrata, ça donne au final un somptueux disque de sept titres, nommé The thread et devant autant à la fougue d’un Fugazi (Asylum) qu’aux déchirures noisy d’un Sonic Youth, serties incrustes post-rock ou math-rock dont il se font ici les dépositaires.
Le math-rock est honoré d’emblée avec l’éponyme The thread, aussi fin qu’urgent, tout en contrastes complémentaires. Lysistrata surprend déjà par sa propension à piocher ça et là, stylistiquement, pour forger son identité. On pense même à At the Drive in sur l’étendu Answer machine, aux breaks bien amenés, posés. Sugar & anxiety suit avec ce même alliage de subtilité et de soudaines sautes d’humeur. Ca fonctionne à merveille, l’ajustement est magistral. A défaut de pouvoir classifier le groupe, on le qualifiera d’ « hybride ingénieux ». Reconciliation susurre, monte en régime, bouillonne tout en faisant entendre des sons entêtants, presque cosmiques. Les gars maîtrisent leur recette. Ils stoppent presque, ici, pour ensuite engendrer une furia noise.
A la suite, Dawn sert d’interlude puis c’est le morceau le plus long, The boy who stood above the earth, qui vient mettre fin à The thread. Plutôt fougueux et cadencé, jalonné par des encarts au mitan du bruitiste et du mélodieux, post-rock, ledit morceau est un torrent impétueux, indocile mais souvent gracile, à l’image de la formation hautement prometteuse qui signe ces 7 morceaux qualitatifs en diable.