Déjà signataires d’un excellent Headache (2016), les Polonais de Trupa Trupa remettent le couvert avec ce Jolly new songs qui, s’il apparaît dans un premier temps apaisé, n’en réserve pas moins certains moments de tension palpable, comme sur ce Falling vénéneux et d’obédience noisy ou encore, de manière plus insidieuse, avec Mist.
Sur ce disque brillant, les climats saisissent, menacent même au beau milieu d’une superbe quiétude (Against breaking heart of a breaking heart beauty en introduction). Trupa Trupa s’extirpe de ses influences, définit ses ambiances propres entre mélodies chatoyantes et coups de sang. La réussite est totale, l’éponyme Jolly new songs le confirme à mi-chemin ou presque avec son mid-tempo entêtant. Les gars de Gdansk ont l’art de trousser des mélopées à la douceur trompeuse et venimeuse, un peu dans le genre d’un Sonic Youth sur ses derniers efforts. Fins et atmosphériques (Leave it all), les musiciens font dans la beauté troublée avec dextérité.
Love supreme en est une bien belle illustration, sa subtilité et son lent déploiement le rendent majestueux. Never forget réinstaure un climat obscur, saccadé, captivant. On est étonné, ici, par la capacité du groupe à bâtir des compositions ouvragées sans nous y perdre. La tension est là, elle ne fait que poindre (None of us) ou explose réellement, c’est selon. Trupa Trupa opte la plupart du temps pour une retenue…qui se retient à peine (ce même Never forget).
En fin de parcours, Only good weather offre un chant pur, une instrumentation magnifique, psyché-sonique, qui obsède. Puis To me conclut l’affaire en démarrant doucement pour ensuite gronder et imposer un orage noisy. Excellent de bout en bout.