Bien que doté d’un nom à consonance allemande, DAAU est belge, d’Anvers plus précisément. Avec ce disque qui crée du neuf avec du vieux « pas si vieux que ça », le groupe revisite son répertoire avec l’appui de l’ex-Deus Rudy Trouvé. Bien lui en prend!
En effet, le gaillard apporte le côté aventureux d’un Deus (Highway tiger, entre autres perles taillées dans un jazz fou) à un ensemble de morceaux déjà, à l’origine, expérimentaux, sertis de lézardes jazzy ou classiques, dotés, parfois, d’une énergie punky. On se régale, on ondule en mode dépaysement, au son d’un chant recourant occasionnellement au Français (Orange). DAAU, à l’image de Deus, fuit les sentiers battus. La relecture est captivante, la série ainsi livrée inclut aussi bien les « succès » de Die Anarchistische Abendunterhaltung que certains titres moins « évidents ». Sérénité veloutée (Dip ‘n dodge, Rabbit eye movement) et sons plus débridés voisinent pour le meilleur, prennent des accents balkaniques (Drieslagstelsel I). L’éventail est sans limites, musicalement comme dans l’instrumentation, et suscite le voyage (Gin & tonic). Le plaisir, la redécouverte -ou découverte pour les néophytes- s’étend sur pas moins de 20 réalisations. Le choix de Rudy Trouvé pour co-redéfinir les morceaux s’avère judicieux et, surtout, porteur de bout en bout.
Ca groove, ça se fait presque noise (Voodoo sim), toujours selon une trame qui emmène ailleurs. L’unité est de mise, les coups de sang sont jouissifs (Waltz delire). Si le rendu demande à ce que l’on s’y adapte, on sera au final bien loin de le fuir. La Belgique en est la base géographique, mais l’égarement point au gré de ses errements. On en visitera les moindres recoins sonores (l’inquiétant Delete alt and undo). DAAU allie classe et déviance avec un réel panache, prend le risque de se réinventer sans se planter. Il signe là une oeuvre majeure, qui le régénère et le met largement à l’honneur. Magnifique.