Connu pour sa liberté de ton, sa générosité (opus très souvent « chargés ») et son explosivité, Deerhoof remet le couvert avec Mountain moves, fort lui de 15 morceaux dont 3 reprises.
Si on y démarre « cool » (le délié Slow motion detonation qui voit Juana Molina intervenir), la science du riff est à nouveau de mise sur I will spite survive (feat Jenn Wasner). Les interventions extérieures sont fréquentes, elles n’altèrent en rien la qualité d’un rendu à la fois mélodique (le chant de Satomi Matsuzaki) et énergique, qui se fait dansable et exotique par moments. Le tout en recourant à un panel de sonorités jamais restreint. Come down here and say that fait dans le funk-rock, part ensuite dans une brève embardée hip-hop. Le dépaysement guette, encore, sur Begin countdown, puis Your dystopic creation doesn’t fear you (feat Awkwafina) allie voix remontée et plus adoucie, sur fond de rock aux riffs secs qui laisse place à des parties psyché.
L’inspiration, chez Deerhoof, est toujours maximale. On voyage sur le plan sonore, la voix berce avec ses inflexions à la Blonde Redhead, les changements de direction déroutent mais captivent. C’est le cas avec l’enlevé Ay that’s me, dans la foulée Singalong junk (feat Xenia Rubinos) choisit la tangente pop psyché. C’est ensuite l’éponyme Mountain moves, cuivré, qui apporte une touche free jazz bien ficelée. On reprend les Staple Singers (Freedom highway) avec une belle ferveur jazzy-rock. Tout est ici abouti, Kokoye continue à « embarquer » l’auditoire dans une douceur animée caractéristique du groupe. Le combo de San Francisco peut alors terminer en honorant Bob Marley (Small axe) de façon dépouillée, il a une de fois de plus réussi dans son entreprise de défrichage stylistique et livre au final un album de haute volée.