Projet du Tahitien d’origine Téva Bourdin, Gris Lagon vient s’ajouter avec cet EP, et ses cinq titres à la base pop élargie, aux espoirs déjà en vue en notre scène comme Grand Blanc ou Requin Chagrin.
Avec l’Esquisse, le chanteur-guitariste et ses acolytes s’appuient sur le verbe sûr de ce leader inspiré, adjoignent à leur éclat pop des mélopées à la The Smiths, une ferveur instrumentale qu’on ne repoussera pas, étoffée par les cuivres (Friandise amère). Gris Lagon était parti sur de bonnes bases, déjà affirmées, avec un Bringueurs inaugural entre Anglais et Français, pop-rock lettrée/écorchée, sombre et ardente. Verve et vivacité instrumentale font bon ménage, ces gars-là ne se contentent pas de faire dans la pop sage ou convenue. La leur est belle mais polissonne, élégante mais piquante, racée aussi, dotée de choeurs enivrants (Ciel octobre).
Le titre éponyme, L’esquisse, arrive à mi-chemin d’une collection unie et cohérente, au « mélodisme pétillant », assombri par une basse bien présente. De belles promesses sont ici lancées, on espère qu’elles seront tenues sur un format plus large mais l’écoute ne laisse guère planer le doute. En conclusion, Larmes en l’air parait s’assagir; c’est le cas sur son introduction mais il décolle ensuite, fin, intense et saccadé. Il met fin à un premier opus au charme indéniable, dont l’Esquisse dévoile d’ores et déjà de jolis traits.