Label nantais artisanal et productif, Super Apes profite de sa cinquantième sortie pour convier tous ses artistes, mais aussi certains autres « de proximité », à oeuvrer à cette compilation intitulée 50, forte de quinze titres qui, en plus de leur imprenable qualité, illustrent bien l’esprit et la profondeur musical de la structure Super Apes.
D’emblée, on est mis sur les bons rails avec Serpent et son rock urgent, son refrain obsédant (We could think he was asleep; eux, en tout cas, sont loin de l’être), puis Rapid Douglas et ses élans synthétiques animés. La teinture est lo-fi, on ne fait pas dans le surproduit et au contraire de ça, c’est le « vrai » qui prime. Les synthés ornent l’excellent Banana cold drama de Kim, à la pop groovy finaude, dans la foulée c’est la folk/lo-fi de John Trap, qu’on croirait jouée à côté de soi, qui fait mouche avec Like a friend. Vania de Bie Vernet dépouille encore plus le contenu avec le très pur Veluwe, Monsieur Free réitère un canevas folk/lo-fi ombrageux sur Drunken birds can fly. Paulj Kaléïdoson livre à son tour un essai aux sons ludiques, qui aurait toutefois gagné à s’étendre. Arnaud le Gouëfflec vs. Jorge Bernstein and the Pioupioufuckers signent ensuite des textes délirants sur fond folk épuré. L’esprit demeure, on est toutefois heureux de voir la folk se muer en trame plus vigoureuse lorsque Chuck Shumann & Trevor Bennett usent d’une électro inclassable avec leur probant The future has been cancelled.
Le panel est donc large, la liberté de ton revendiquée. Moli s’essaye lui aussi à l’électro, pas plus « rangeable », avec son Dahahahda, et ce avec autant de créativité. Peter Woodwind se fait lo-fi et mélodieux avec That’s what I say, The odd bods hausse la cadence l’espace d’un Valentine alerte et griffu, post-punk des plus « côtoyables » serti de sons synthétiques. La boucle est presque bouclée, mais ce serait sans compter avec, à nouveau, Jorge Bernstein et ses acolytes préférés, qui balancent cette fois morceau plus rock, alerte et bluesy, stylé à souhait. Ils complètent l’éventail avec classe, imités en cela par Poppy no good (Hémoglobine) à la pop lo-fi superbement noisy, vigoureuse. La conclusion revenant à Little Donkey qui s’appuie sur sa voix caverneuse, couplée à une trame folk sobre, pour mettre fin à cet excellent « 50 » qui honore sans conteste un label précieux.