Trio de Bescia en Italie, Bruce Harper réunit trois musiciens par ailleurs impliqués dans des projets post-rock et psyché (Floss, Teich et Beech). Avec cet album éponyme, ils concoctent à l’unisson une électro à la fois rêveuse et enlevée, nuptiale et lumineuse, qui fait son effet sans pourtant réellement surprendre lorsqu’on la découvre. Les deux premiers titres le confirment, c’est de facture presque classique -tout au moins au premier abord- mais suffisamment bien fait pour accrocher et on sent, tout de même, l’idée d’aller chercher autre chose, de créer un univers personnel. C’est l’apparition de voix éthérées, l’énergie cosmique du groupe aussi (Whales), qui permet à Bruce Harper de s’imposer. Son penchant obscur (Landscape) est prenant, inquiétant, ses boucles arrivent telles des vagues.
Les trois bonshommes n’hésitent pas à changer de direction sur le plan rythmique, explorent, se perdent parfois dans le cosmos (This horizon). Il leur arrive de bâtir des trames plus claires (Arms), ils recourent finalement assez peu au chant et c’est dommage; cela leur permettrait de casser une dynamique un peu trop souvent instrumentale. Néanmoins, ils parviennent à imposer des ambiances particulières. On les imagine bien jouant la nuit, faisant se trémousser les adeptes d’une électro faite pour ce monde « de fin de soirée ».
Sur l’ultime morceau, Fluo rites, la voix revient et suscite immédiatement l’adhésion en se couplant à des sonorités sombres, à une forme de trip-hop lancinant qui illustre bien le parti-pris libre et expérimental, loin d’être aussi prévisible que le laisse présager la première audition, de Bruce Harper.