C’était, déjà, sa 19éme édition; le R4 Revellois a pour le coup failli se faire déborder, assailli qu’il fut, dès sa soirée inaugurale, par un public venu en nombre. Un record à vrai dire, pour la venue, en l’occurrence, de Fatals Picards pourtant peu crédibles dans leur « révolte ». Ce qui n’a guère empêché le groupe de réjouir la foule, de la plonger dans la liesse même, dans la foulée de Diesel Groove et de son…groove funky aux covers endiablées, Les Barbeaux et leur énergie chanson assez prévisible, et avant Lazy, énième tribute invité sur la place. Ca fait beaucoup, ça fait trop, quand on sait le nombre de formations créatives issues du coin qui composent et pourraient en toute légitimité se produire sur le bel espace investi par le R4.
Le constat ne doit cependant pas en occulter un autre; celui d’un événement devenu incontournable, de plus en plus prisé, impeccablement organisé, basé sur l’humain et, on le notera bien que ce soit l’apanage de la plupart des festivals à taille restreinte, un indéniable sens de l’accueil. Avec une affiche large, d’une qualité globale qui fait qu’on ne peut que s’y retrouver, deux scènes bien distinctes, des têtes d’affiche qui cimentent le tout (le samedi, The Buns et Celkilt, notamment, s’en acquittèrent sans faillir, imités en cela par l’indie-rock de Full Audio Tune et le post-punk d’Obsolete Radio). Et, cerise fusion bien juteuse sur le gâteau, ces Sorry We Are Late au registre qui évoque autant FFF que NTM ou encore Fishbone, voire Urban Dance Squad. Ca malaxe sévère, ça pulse et ça groove, l’énergie de Manon au chant, l’unisson de son groupe et la valeur des compos font de S.W.A.L une découverte de taille, qui avance et peut déjà s’appuyer sur quelques dates non négligeables. A l’image d’ailleurs de La Bonne Heure, trio valéricain au répertoire country-folk sacrément entraînant, ou de Soul Addiction et ses reprises, plus racées cette fois, rhythm & blues. On trouve là bien plus d’investigation que chez les « coveristes » purs et durs, et on fait de surcroît de belles trouvailles.
Le R4 est donc un petit devenu grand, presque gêné aux entournures, désormais, sur sa petite place nichée dans un village au charme certain. Sa gratuité l’honore, ses tarifs « alimentation » tout autant, sa diversité sonore achève de le rendre indispensable. Son public n’est plus que local, il se déplace de loin et sait pour sa majeure partie que l’an prochain, il reviendra. C’est là une victoire, méritoire quand on se rappelle avec émotion les débuts d’un R4 pas toujours servi par les conditions météo mais qui a, à l’évidence, plus d’une corde à son arc.
Photos William Dumont.