Duo parmesan, Lourdes Rebels allie Rodolfo Villani et Luigi Bonora. Ces derniers usent d’une instrumentation traditionnelle à laquelle ils greffent sampler et drum-machine, ainsi que des voix filtrées, pour jouer un rock hors-normes qu’illustre bien ce Lolita fort de douze excellents titres.
Ils y font dans l’urgence débridée, délicieusement bruitiste (Rock’n’roll royce en ouverture), mais peuvent aussi virer sombre, inquiétant (Init tar), psyché de manière tout aussi noire (Frankenstein vs Lolita). Le procédé les démarque, le propos est rock mais jamais poli. La loufoquerie mélodique d’un Rimini rimini rimini! renforce la crédibilité d’un ouvrage de choix, mais aussi son parti pris décalé. On est, parfois, dans des sphères late 70’s (7up my sun), on pensera à la scène berlinoise de l’époque pour les expérimentations « machinisées » mises en place par la paire.
Il y a dans Lolita, de plus, une ouverture d’esprit, une étendue appréciable dans l’éventail développé. Le côté ludique d’un Ariel Pink aussi, des échappées mélodieuses aux voix dingues complètement délectables (Shivering sneer). On y consacrera de nombreuses écoutes, l’ingéniosité des deux comparses faisant régulièrement mouche. Ceux-ci s’amusent (Hirya II), défrichent, sortent des chemins déjà tracés, labourent leurs propres terres. Leurs motifs répétés (l’éponyme Lolita), l’étrangeté délibérée du rendu, les speederies qu’il dévoile (My Socrates) dont de l’album un réel must. Qui s’achèvera sur deux réalisations aussi probantes que le reste, dont ce terminal Humbert Humbert dépaysant aux reflets free jazz.