Après un EP (Sorry eyes, fin 2016) qui lui permit de rejoindre le label[PIAS], Aliocha Shneider, issu d’une famille de brillants artistes, s’attaque à son premier long jet. En résulte ce Eleven songs peaufiné par ce fan de Dylan et Eliott Smith, Lennon et Nick Drake. Une base folk magnifiée par la voix du bonhomme et une belle instrumentation (Sarah), de la vie dans son registre, qui ne se veut pas inerte, loin s’en faut, et les onze morceaux de l’album font incontestablement leur effet. C’est décelable d’emblée, Aliocha fait partie de ces autodidactes bien épaulés aux travaux louables.
L’élégance prime dès The start mais elle s’acidule, se pare d’instants enlevés. Des atours folk récurrents (As good as you, Feels like), des tempos marqués et ombrageux/orageux (Sorry eyes) font du disque une réussite. Jamie marie beauté et incrustes moins pures, Milky way s’électrifie, sortant ainsi d’un format apaisé qu’il retrouve par la suite. Avec Crystal plane, les guitares mordent de façon appréciable. Aliocha ne fait pas dans la redite, met la mouvance folk en première ligne mais ne la restreint pas. Celle-ci prime encore sur le dépouillé Mr Garner, sur Virtue aussi, mais n’ennuie pas car on y sent de la passion, une âme, et une certaine dextérité dans l’art d’élaborer des plages plaisantes. On aimerait, cependant, une fréquence dans les embardées plus « wild ». Ce n’est pas Flash in the pan, dernier morceau d’une jolie collection, qui satisfera l’envie. Dommage, certes, mais il n’en reste pas moins que l’opus décrit ici tutoie souvent l’excellence dans le genre auquel il est principalement dédié.