Retour, forcément apprécié, du 1=0 d’Ali Veejay avec Coeur, EP dans lequel il met du coeur…à l’ouvrage, sur cinq titres hip-hop/rock qui portent avec bonheur l’influence bien digérée de Diabologum, Fauve et autres Fugazi.
Entre vision sociétale digne d’un Michel Cloup et guitares bavardes qui bruitent autant qu’elles brodent de jolis motifs, chant qui narre les travers de notre monde et rythmique souple, aussi assénée que plus mesurée, le ton est juste. Ca « groove grave » (l’éponyme Coeur), l’amorce est déjà de taille avec la finesse bourrue d’un J’ai ou de Yogi girl. On est dans la nuance et la puissance, le fin et le l’envoi de bousin. On notera la valeur sociologique des textes, valeureux, loin d’être banals. L’instrumentation est dense mais ajustée, sans excèdent inutile. Les saccades d’un Fugazi dynamisent le tout, les gimmicks décisifs des grattes également (Mon fils). On renoue avec tout ça sans bouder notre plaisir, celui de retrouver un contenu profond et pensé, lucide et rugueux.
De plus, l’énergie des morceaux est contrebalancée par le chant presque serein de Veejay, comme sur le début d’ Esclave, ultime chanson de l’EP. La méthode, maîtrisée, porte ses fruits. « T’es un esclave », déclare-t-il presque doucereusement tandis que que derrière, c’est l’orage musical. L’essai est réussi, il viendra donc étendre la portée d’une discographie maintenant fournie et à part.