Flotation Toy Warning, hébergé par Talitres par chez nous, signe des sorties très éparses. Ainsi, The machine that made us succède au premier album du groupe…treize ans après celui-ci. Il lève néanmoins rapidement le voile sur la circonspection que l’auditoire pourrait afficher, affichant d’emblée de superbes chansons pop, d’abord magnifiquement décorées, un peu trop doucereuses peut-être, puis une troisième légèrement plus acidulée (Everything that is difficult will come to an end). La grâce est de mise, l’écrin soigneusement concocté. Les tempos se déroulent presque lascivement, laissent à entendre des notes fines (A season underground), portent une certaine légèreté. Ici, des cordes embellissent l’édifice, qui crisse et s’assombrit quelque peu. Ailleurs, c’est la beauté des arrangements qui charme l’oreille, le côté gentiment « gris » de certains passages aussi.
Avec King of foxgloves, la formation de Paul Carter sort de sa douce torpeur, se fait plus « bruyante », sans égarer sa mélancolie ni sa prestance musicale. C’est aussi le cas sur l’excellent When the boat comes inside your house, bel exercice pop avenant de par son chant, étincelant de par ses atours sonores. Ceux-ci se passent d’excès, se distinguent et donnent le change à la voix jusqu’au terme du disque. Dommage, cependant, que la tendance reste à la douceur, ne décolle et s’enrage que très peu voire pas du tout. Ce manque est cependant compensé par les climats posés, l’intérêt des parures sobres jouées par les musiciens. On s’ennuiera peut-être un peu au bout de quelques écoutes, mais on pourra facilement s’éprendre de ces dix titres charmants, de ces envolées mesurées (To live for longer slides). On finira d’ailleurs dans la délicatesse avec The moongoose analogue, selon une trame toutefois douce-amère aux vocaux une fois de plus racés, à l’accroche gentiment datée. Beau à l’écoute, sans aucun doute, mais trop chatoyant dans l’ensemble.