Pour clore, ou presque tant les concerts s’y font fréquents, son premier volet 2017, le 106 de Rouen offrait à ses convertis un must no-wave; les Swans de Michael Gira. Une nouvelle date d’autant plus immanquable que les apparitions du groupe sont, sur notre territoire, peu fréquentes et que la première partie, cette Little Annie jazzy-underground à la classe datée, fut excellente. Une superbe voix, un écrin de piano concocté par un acolyte qui accompagnera après, et bien plus sauvagement, Swans, et nous voilà avec une belle introduction qui ne préfigure en rien l’impact du combo américain.
En maître d’un courant à la fois noise et mystique, leste et enlevé, fort de plusieurs pièces musicales qui s’aventurent au delà des trente minutes, Swans impose son volume et sa puissance, ses stridences et le chant, sombre, incantatoire, du sieur Gira. Le tout est joué avec froideur mais dans une implication totale, happe l’auditeur, le transporte en même temps qu’il le malmène. Une expérience unique, sans égal, aussi transcendante qu’elle peut amener les moins initiés à déserter les lieux. Deux grosses heures de plages lancinantes et obsédantes dans la répétition de leurs motifs, jouées avec autant de maîtrise qu’elles se veulent instinctives et indomptables. Un privilège, au delà d’une formule musicale expérimentale ayant influencé, depuis la naissance du groupe au début des 80’s, un nombre incalculable de groupes. Ceci sous une lumière rouge fixe dont la faible intensité fait ressortir celle, considérable, des morceaux de ces Swans soniques (Sonic), dont l’unique souci, à l’écart de toute frime ou attitude par trop avenante, est de jouer.
Photos William Dumont.