Dans la continuité d’une magnifique semaine de concerts destinées à commémorer ses 30 ans, la Lune des Pirates nous réservait hier encore un menu royal. En effet, les Burning Heads y étaient conviés, en maîtres orléanais du punk-rock/hardcore mélodique, et les rockeurs locaux de Molly’s, après six ans d’absence, ouvraient le bal après une remarquable prestation initiale de Pierrot Margerin dont la passion et l’authenticité, la joie de jouer et l’esprit communicatif lui ont assuré une apparition de choix. A l’aide de ses morceaux imparables, de son facétieux batteur Benjamin Nail et d’un rock qui narre un vécu fun, ce fut un concert valeureux que nous livra le sympathique Pierrot. L’idéal pour débuter avant que les quatre Molly’s ne fassent émerger une grosse vague de nostalgie dans une Lune qui soudain se remit, toutes proportions gardées, à crier son bonheur comme au temps regretté où les groupes d’ici fleurissaient allègrement.
Il faut dire que ce groupe, qui a tourné en son temps avec des pointures et s’inspire autant d’un BRMC que d’un Black Angels ou de Ride, s’appuie sur un répertoire sans failles, émaillé d’élans pop. Il n’a en rien vieilli, paraissant même gagner en unité avec le temps, et on s’enivre de son Fast/slow motion inaugural, qui laisse présager d’une suite accomplie. Elle le sera, deux nouveaux morceaux dans la veine « maison » l’étayeront avec aplomb. C’est plus que bon de retrouver ces mecs-là, c’est même très émotionnel et à l’issue, nous autres anciens serons unanimes, renforcés dans notre avis par les clameurs d’une foule compacte; le retour du quatuor amienois, en plus d’être bienfaisant, est réussi. De bourrades rock sombres en encarts pop, de percées shoegaze en gerbées noisy, les Molly’s assurent et se doivent désormais, à mon sens, de continuer l’aventure. On les suivra avec d’autant plus d’intérêt que nos faibles craintes d’avant-live furent très vite effacées par la portée de l’événement.
Il ne restait alors plus aux Burning Heads qu’à délivrer leurs hymnes punk-hardcore, ce qu’ils firent en mode up-tempo et en faisant valoir, eux aussi et plus encore, un carnet de scène nourri par vingt-cinq ans d’exercice, d’insoumission aussi, et une palanquée d’albums devenus des références. Le groupe est de plus sur sa tournée Epitaph Years, Escape et Be one with the flames sont donc mis en exergue. Ils donnent tout, sans temps morts, sur des planches qui constituent pour eux un territoire privilégié. Ca pogote bien entendu, la puissance des titres joués y amène un public dont émergent quelques vétérans qui pour le coup retrouvent, tout au moins partiellement, leur adolescence. Voilà une formation elle aussi vraie et sans concessions, un exemple à vrai dire, qui donne l’impression de ne pas prendre la moindre ride tant que le plan discographique que sur les nombreuses scènes écumées. Le sans fautes total.
Photos William Dumont.