Au 106 de Rouen les affiches attrayantes défilent, connues ou plus souterraines et avant, par exemple, Swans le 7 juin, l’antre portuaire accueillait ce vendredi les Thee Oh Sees de John Dwyer, génial frappadingue qui allait assurer, en compagnie de son bassiste et de ses…deux batteurs une prestation puissante et époustouflante.
Ladite date marquait par ailleurs mon grand retour, ému et enthousiaste, dans un endroit vite devenu pour moi une référence. L’émotion du soir m’amenant, pour le coup, à rater la première partie assurée par les excellents locaux de Servo, avec leur univers cold-shoegaze d’ores et déjà hautement valeureux, persuadé que j’étais de voir les sets du soir se tenir dans le club. Un regret réel tant l’écoute du combo normand m’avait, originellement, donné l’envie de le découvrir sur les planches.
M’adjurant de ne pas rééditer cette « prouesse » inédite, me voilà face au quatuor de San Francisco qui, d’emblée, fait trembler les murs de la grande salle, qu’il régale de ses morceaux garage pour le moins percutants…mais pas que. En effet, si l’impact et le sonique sont de mise, joués en rangs serrés, le gaillard dispose d’une voix douce et son groupe impose ça et là quelques encarts plus modérés, poppy ou psyché, ou des variations dans la cadence parfaitement amenés. On est là pour jouer, rien de plus, pour faire dans l’authentique, sans aucune esbroufe ni « tapage de pose », loin s’en faut. C’est un régal, sans creux ni temps morts, que Thee Oh Sees engendre. On n’en attendait certes pas moins, mais tout ça est bon à vivre, la singularité due à l’usage de deux batteries amenant un plus incontestable à la prestation des Américains. Ces derniers seront d’ailleurs réclamés après leur dernier titre, à juste…titre, à l’issue d’un concert de haute volée dont l’urgence et la spontanéité n’auront en rien entamé la maîtrise.
Photos William Dumont.