Duo strasbourgeois amenant deux univers pas si différents que ça, tant on les sent ici complémentaires, à se télescoper (le rock pour Samuel Klein, les musiques répétitives pour Olivier Maurel), Ork joue une musique indéfinissable, superbement retranscrite sur ce Orknest singulier.
En effet, on y navigue entre électro, « jazzectro », ambiances cinématographiques (Black blow), formats instrumentaux et partie chantées, univers électronique et domaine acoustique recourant à un panel large (vibraphone, mélodica, ukulélé, kalimba, maracas etc), pour un rendu à la fois lunaire et terrestre, parfaitement inauguré par l’éponyme Orknest. Les embardées puissantes y ont leur place, légitime (ce même titre), se fondent sans problème dans un moule plus subtil. Les changements de direction sont ici légion, les climats saisissants. Un featuring remarquable de Nathan Symes illumine Crash, vif et spatial, orné de sonorités haut perchées. Les atouts de la paire sont nombreux, à commencer par son approche sans égal, expérimentale sans jamais lasser l’auditeur, bien au contraire. Le groove d’un Tanzte, l’inventivité dans les sons, les voix samplées étayent avec brio l’oeuvre de ces deux créateurs inlassables. Black blow inclut lui aussi du chant, dont la présence permet de ne pas tomber dans un tout-instrumental parfois irritant chez certains. A l’image de l’ensemble, on y chemine entre mélodies et sons plus offensifs, comme avec Mahatma qui s’envole très haut dans un bruitisme racé.
Plus loin, un How I feel poppy se pose en tube plus directement accessible. La recherche de sons novateurs et inédits, de climats qui se démarquent (Softly broken) caractérisent le travail de Ork. Qui, sur Cash game, balance une électro massive et finaude, alerte et céleste, dotée de chant, du plus bel effet. Les goûts des deux hommes s’étendent de Cage à Supergrass, ça se ressent dans la diversité du rendu. Lequel prend fin au son d’un Heroes leste et entêtant, rêveur/animé, non moins abouti.